De la colère

Jean-Luc vient me voir parce qu’il est envahi par une colère très envahissante  et douloureuse depuis 2 ans, suite à la rupture d’avec sa femme, mère de ses enfants.

Dans l’histoire de son couple Jean-Luc a le sentiment d’avoir été trahi, trompé, voire manipulé,  et ce depuis dès le début de la relation. Il a aimé passionnément cette femme, d’où l’intensité de sa colère.

Depuis deux ans, le divorce a été prononcé et les modes de garde définis. Il entretient de bonnes relations avec ses enfants. Il a changé de travail et débute une nouvelle relation amoureuse. Il est amené à voir son ex-épouse chaque semaine pour les enfants, ce qui maintient une grande tension en lui.

De sa propre initiative,  il a rejoint un groupe de méditation et a installé des appli sur son téléphone pour apprendre à s’apaiser.

Je décide en accord avec lui de traiter sa ou ses colères à l’aide de l’Emdr. Processus thérapeutique parfaitement adapté pour toutes les blessures émotionnelles.

Rapidement les colères diminuent, il sent qu’il prend plus de recul.

Ce qui m’importe ici c’est ce que nos émotions nous disent de nous.

Les merveilleux bienfaits et les limites de la méditation

Jean-Luc a choisi de s’aider avec la méditation et il a raison. Les transformations bénéfiques que cette pratique opère sur notre cerneau sont aujourd’hui prouvées et véhiculées grâce à de très grands méditants comme Mathieu Ricard, Jon Kabat-Zinn, Christophe André, François Jullien. Moi-même je pratique depuis une quinzaine d’années et encourage toujours mes clients à tenter cette aventure à long terme.

En revanche, ce que ma pratique thérapeutique et ma propre expérience m’ont enseigné, c’est que la méditation seule ne peut suffire à résoudre nos problématiques émotionnelles. Si la blessure émotionnelle n’est pas traitée, l’émotion ne cédera pas.

Le traitement des blessures responsables de nos émotions négatives libère de la lucidité et décuple les bienfaits de la méditation.

Têtu comme une émotion

En effet, c’est à la fois très fugitif et très têtu une émotion ! Deux ans de colère intense, ce n’est pas rien. C’est épuisant et c’est un filtre puissant entre nous et notre réalité.

Nos émotions sont premières et souveraines. Telles les feuilles légères d’un arbre, elles vibrent en permanence au contact de nos environnements. Baromètre de nos états intérieurs, elles nous renseignent sur notre relation au monde.

La colère de Jean-Luc a commencé à diminuer à partir du moment où, ensemble, nous avons pris le temps d’écouter ce qu’elle avait à lui dire. Rapidement les informations ont commencé à affluer. En activant fortement les deux hémisphères du cerveau, l’Emdr favorise les associations libres.  Son aveuglement à ne pas vouloir voir les signes émis par les comportements de son ex-épouse et sa soumission au dénigrement à son encontre se sont articulés dans une lecture plus éclairée des dix dernières années de sa vie. Des liens avec son enfance et des schémas parentaux sont apparus également. En même temps qu’il comprenait les motivations de son aveuglement, la colère et le chagrin refluaient pour laisser place au présent à écrire au futur.